mardi 12 septembre 2017


Voyage à l'autre


Le promeneur ou le voyageur ou même le lecteur s'assure de la solidité du pont. C'est un geste inconscient — un geste inscrit dans la séquence du promeneur ou du voyageur ou même dans la séquence du lecteur.
Avant d'avancer, le promeneur ou le voyageur ou même le lecteur tape un peu des pieds pour voir si ça tient.
Vous avez déjà fait ce geste.
Et là, dans le texte de Franz Kafka, le pont se retourne. Le pont se retourne à cause de la douleur. Le pont se retourne pour voir qui lui a fait ça.
– Qui m'a fait ça ? demande le pont, en se retournant.
Les rochers muets fixent le promeneur ou le voyageur ou même le lecteur  là-haut.
Je dis : – Mais enfin un pont : ça ne crie pas, ça ne tremble pas, ça ne claque pas des dents. Un pont ça ne parle pas. 
– C'est vrai, dit-t-elle, en saisissant fervemment mon poignet droit.


28 commentaires:

  1. Finalement, aucun pont n'est sûr. Non seulement, sa solidité n'est pas garantie dans la nuit des temps éternels/lle, mais de plus, personne n'est à l'abri d'un tremblement de terre (qui n'est rien d'autre qu'un tremblement de soi, et quelques soient nos métamorphoses : promeneur, lecteur, écrivant). La métamorphose du promeneur, lecteur ou écrivant, c'est quand ils voient ses cadavres jonchés sur les rochers qui regardent la scène, en bas.

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    1. Je frôle la voiture qui stationne presque sur le trottoir mais sans être en infraction : à l'intérieur il y a des personnages caricaturaux. Un des personnages caricaturaux (celui assis à l'arrière côté gauche) par la fenêtre ouverte me saisit le bras fortement.
      Je ne suis pas surpris. En frôlant la voiture en stationnement, en apercevant les personnages caricaturaux : je pressentais que les personnages caricaturaux et moi allions d'une certaine façon "faire connaissance".

      Le tas de cadavres sur les rochers c'est nous.

      Je salue l'homme qui lit au bord du grand bassin de la piscine des Tourelles, qui élégamment nous écoute en faisant semblant de lire pour ne pas nous déranger. Cet homme assiste à une rencontre et laisse tomber sa lecture. Lire au bord d'une piscine très fréquentée et donc prendre le risque de quelques éclaboussures : c'est beau.

      Le gif se met en place.

      Le dernier qui est sorti c'est celui pour Soluto.
      Pas mal, non ?

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  2. Vous rencontrez beaucoup de personnages caricaturaux !
    Quant au gif pour Soluto, je ne l'ai pas vu.

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    1. « Ici, là ! je vois encore des petites choses qui se meuvent, qui respirent, qui grouillent dans les coins. Il faudra absolument veiller à bien tout désinfecter, désherber, à installer des pièges à rongeurs, des clôtures électrifiées et asperger d’insecticide. Ensuite on va tout défricher, tondre, labourer, gazer l’air, faire bouillir l’eau et saler la terre et puis couler par dessus une belle dalle de béton bien lisse comme ça on sera tranquille… Oui c’est très confortable le béton lisse. C’est silencieux, c’est dur, c’est froid. C’est mort. »

      Le gif attire l'œil c'est pour ça que je le cache un peu.





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    2. Voilà j'ai vu le gif pour Soluto. Il est hyper angoissant. Y'a un truc d'obsessionnel. On dirait un tueur en série. Finalement, vaudrait mieux ne pas faire de gif avec des grillages. C'est cauchemardesque.

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    3. Le gif fixe un moment.

      Le moment tourne en boucle.

      La vitesse du gif.

      Le gif du repas.

      Mon amour, tu m'as bloqué sur WhatsApp encore.

      Je n'en fais pas tant que ça des gifs.

      Drôle de mot : "gif".

      Le cerveau humain permet de se prendre pour un rocher, par exemple.

      J'ai vu des gifs à la caverne du Pont d'Arc.

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    4. Sans dec ?

      ps : un cerveau humain est un gif (Graphics Interchange Format).

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  3. Je pense que nous devrions faire (mon dieu) un seul bon gros blog : une sorte de "jardin persan". Ça peut toujours servir.

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    1. Ah ! vous avez vu The Mosquito Coast.

      Un pont qui n'enjambe rien. Un pont au ras du sol.

      L'horizontalité.

      Il y a des ennemis.

      Quelquefois.

      Rire.

      Nous verrons bien.

      Je ne sais pas.

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    2. Tant qu'on ne sait pas, ça va.

      Si seulement j'avais su cela !

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    3. Le marquis de l'orée est un singe savant.

      J'allais dire à Alf : qui mourra (dans un tremblement de soi) verra !

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    4. (...) dans le cas du marquis, "singe savant" est un compliment (j'insiste quoi qu'en dise l'usage).

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    5. Le très cher Alf dévoué, soucieux de lever les ambiguïtés, s'inquiétait d'une métaphore à usage qualificatif. Or le marquis qui n'est pas le marquis sait très bien que tout discours porte en lui sa contradiction, que la parole en définitive, à la fois utile et inutile, heureuse et malheureuse, bien et mal, etc., est toujours sujette à interprétations (ambigües ou erronées d'où le malentendu éternel). Ici, la métaphore, aurait pu se lire au premier degré, ou au 3è. Tout grand singe savant qui a fréquenté les érudits (c-à-d les arbres) peut entrevoir cela.

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    6. Tu es affreusement sympathique, Elly.

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    7. Tu es sympathiquement affreux. La noyade était bonne ?

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    8. Aquatiquement et dans tous les sens parfaite (tous les trois temps je me noie, à chaque passage de bras je scande le truc de l'orée).
Et toi Elly, la trahison elle était bonne ?

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    9. Comme ça, tu ne sais pas sur quel mot danser ?
      La trahison a été presque parfaite. Les contre-sens grouillaient. J'ai laissé "échappée belle" dans la langue originelle. Une échappée belle, tu vois ? Ce n'est pas une fuite, mais ce peut être un voyage.

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  4. Un tremblement de terre n'est rien d'autre qu'un tremblement de soi.

    Blaise, le monstre de bois n'est jamais arrivé sur vos terres post-exotiques.

    Je ne suis pas en mesure d'accompagner M.Hou.

    Outsiders.





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    1. "Ses dents claquaient, applaudissant au drame de son cerveau." (Jules)

      Tout est normal, donc.

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    2. Le rire de l'Orée est toujours un bon moment.

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    3. Quand c'est pire, ce n'est pas mal non plus.

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    4. Alors la mer est calme et tout va bien. Encore plus mal encore.

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  5. Le pont : c'est le rythme. C'est pour cela qu'on tape du pied dessus. Dès que j'entre dans le poème, les pierres muettes en dessous ne me font plus peur.

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    1. Et nous dansons avec les stars (mais ça n'arrive jamais).

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    2. Map to the stars ? de Sunset Boulevard à Mulleland Drive ça pue le cadavre... très peu pour moi. Je préfère un pas de deux sous les étoiles (ça arrive souvent)

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  6. "Avec toi Alf on ne sait jamais sur quel pied danser."
    Moi non plus.

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  7. Quando nasci, um anjo torto
    desses que vivem na sombra
    disse : vai Carlos ser gauche na vida.

    Carlos drummond de Andrade

    Quand je suis né, un ange tordu
    De ceux qui vivent dans l'ombre
    a dit : va, Carlos soit gauche dans la vie.



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[La grand’salle du château.]

Entrent Hamlet et plusieurs Comédiens.

HAMLET
Dites, je vous prie, cette tirade comme je l’ai prononcée devant vous, couramment ; mais si vous la braillez, comme font beaucoup de nos acteurs, j’aimerais autant faire dire mes vers par le crieur de la ville. Ne sciez pas trop l’air ainsi, avec votre bras ; mais usez de tout sobrement ; car, au milieu même du torrent, de la tempête, et, je pourrais dire, du tourbillon de la passion, vous devez avoir et conserver une modération qui lui donne de l’harmonie.