mercredi 25 décembre 2013

De l'utilité de créer des personnages presque fictifs — 16



Je peux écrire : Frédéric Schiffter est un clerc : un clerc balnéaire, détaché ( je ne crois pas qu'il aime que je dise ça ; mais ce sont les étranges idées qui viennent à la surface). Il défend là-bas les vraies valeurs : raison, vérité, justice (je trouve que c'est bien : c'est devenu plutôt rare quelqu'un qui parle comme ça).
Je peux écrire : le docteur S. dit à Virginie qu'elle peut ne pas aimer Sartre mais pour de vraies raisons, pas de faux procès donc, la vérité toute la vérité; ne pas faire dire à Sartre par exemple ce qu'il n'a pas dit.
Je peux écrire : Sartre a trahi : descendre dans l'arène c'est trahir. ( Des clercs ont trahi à Tchernobyl : c'est La supplication ; maintenant des poules attaquent des renards à coup de dents et les enfants ne vont pas très bien, là-bas.)
Je peux écrire : Il ne faut pas désespérer Virginie.
Je peux écrire aussi : je préfère avoir tort avec Virginie que raison avec le docteur S.
C'est les pensées qui me viennent pendant le réveillon : au milieu des autres, des trucs comme ça viennent toquer sous mon front : c'est comme ça. Cet après midi j'ai fouaillé dans les livres : maintenant je relis à la fois encore un livre de plus : Morts sans sépulture. Et toujours Le bal au Kremlin.
Je peux écrire : Le garçon que nomme Pessoa est le même que le garçon de café de Sartre : le garçon du poète, le garçon du philosophe.
Je peux très bien ne pas envoyer ce commentaire, je peux aussi très bien envoyer ce commentaire : j'aimerai tant qu'il en sorte quelque chose ou même rien; en fait je ne sais pas : je trouve qu'il se passe un truc important là-bas.