lundi 7 mars 2016


De l'utilité de créer des personnages presque fictifs


Ma femme (nous n'habitons pas la même aile du château mais nous nous croisons de temps en temps) a laissé traîner exprès le dernier livre de Jean-Paul Kauffmann : Outre-terre. Je ne peux pas lui en vouloir mais maintenant, à cause d'une citation, je suis obligé de relire Le Colonel Chabert. Et donc l'extravagante scène finale de On ne meurt pas de chagrin.


Madame Bovary meurt de chagrin. Ce matin en courant je croise une péniche bleue qui remonte le fleuve.


Vous avez le sens de la mise en scène : quand le lecteur (moi par exemple) arrive dans votre étude à la citation extraite de la préface de Sully Prudhomme : c'est un grand moment : je m'attendais à quelque chose mais pas à ça.

Je laisse un commentaire pour dire au moins ça : je lis vos textes.

Ils doivent bouillir les autres : ils vont vous copier, vous imiter, vous plagier. Ils seront jaloux de vos découvertes ! Ils diront que vous avez des intuitions mal formulées : puis ils vous copieront.

Je saluerai celui qui vous pillera avec grâce.

Une question extravagante me taraude. Plutôt deux questions extravagantes me taraudent. Puisqu'il s'agit d'un devoir scolaire, d'une traduction :  l'apprenant Arthur Rimbaud connait-il par cœur la traduction de Prudhomme ou bien a-t-il le texte sous les yeux ?  Les petites touches changent le poème métriquement et dans tous les sens : mais dans l'ensemble rien ne change : le professeur qui contrôle n'a-t-il pas lu Sully Prudhomme ?

Presque au même moment à Paris un jeune homme écrit que le plagiat est nécessaire.

A propos de l'extravagant épisode Brice Poreau de l'extravagante série : l'antériorité de Circeto sur JB est manifeste. Circeto refait les calculs. Circeto souligne les erreurs de l'étude étonnamment incorrecte de Brice Poreau. Circeto fait son rapport. J'appelle ça : un Circetomphe. Faire l'historique de la démonstration biomètrique de Brice Poreau sans citer Circeto c'est commenter Les lettres du voyant sans citer David Ducoffre et donc commenter Les lettres du voyant sans lire la préface de Sully Prudhomme du Livre I de Lucrèce : De la nature des choses.

Où sont les grands universitaires ? les grands universitaires vous lisent : ici ou là c'est certain : les grands universitaires vous lisent et ne commentent pas ! Je ne leur en veux pas mais c'est nul. Les grands universitaires lisent et ne commentent pas.

Il ne faut pas tourner le dos au milieu universitaire, ni au monde.

Le milieu universitaire ne commente pas.


6 commentaires:

  1. C'est dur de tout rassembler, la pertinence du savoir universitaire, une certaine grâce poétique, un à-propos de hasard qui crée un petit miracle éphémère qui ne se représentera plus de sitôt, un certain goût pour le ridicule adorable, une excitation juvénile, l'espoir d'un retour charmant, une brève et minuscule complicité, un soupçon d'inconscience, le goût du mystère qui dit plus qu'il ne dit mais se dérobe, quoi encore ?

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  2. Je ne sais pas Catherine : j'ai écrit ça ce matin :

    J'ai fait l'amour rue Véronèse.
    J'ai remonté et redescendu l'avenue des Gobelins.
    J'ai étudié 5 minutes la psychologie à Censier.
    J'ai embrassé à Facanex.
    J'ai vu Extérieur Nuit au cinéma La Clé.
    J'ai bu des cafés au bas de la rue Mouffetard.
    J'ai discuté aux Arènes de Lutèce.
    Je n'ai pas récupéré tous mes livres rue Véronèse. Je n'ai pas récupéré.
    J'ai passé une soirée avec Michel Raffoul dans un minuscule studio rue Mouffetard.
    J'ai vu Radio On à L'épée de bois.
    J'ai mangé un couscous au Restau U de Censier.
    J'ai lu, juste avant l'an 2000, les deux livres écrits aux éditions de minuit par Jean Pierre Chanod le premier mari de Frédérique : Frédérique avec qui je faisais l'amour Rue Véronèse entre 1980 et 1983.

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    1. elle et lui... quelque chose qui s'en rapproche, ils ne savent pas dire ce qu'ils font. Ça les rend vaguement alanguis et joyeux, un sourire de Joconde sur les lèvres. Ils n'en disent rien, mais on peut se retourner sur eux, deviner peut-être.

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  3. Commenter n'est ce pas en un sens co-mentir ? Se prêter à la joute des mots n'est ce pas se soumettre à l'anecdotique futile et passager ? Faut-il, quelle qu'en soit la pertinence, y aller de sa réflexion alors qu'il ne s'agira bien trop souvent que de réflection de soi, de pensée lancée par un phénomène de ricochet qui rebond après rebond ira en s'affaiblissant ?

    Ecrire, heureusement, n'est jamais innocent.

    Marie

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  4. Marie, je me suis levé tôt : tout le monde dort encore sauf les chats.
    Je réponds "oui" aux deux premières questions et "non" à la dernière.
    Je lis la dernière phrase de votre commentaire : à mon tour une question : avez-vous aimé lire là, juste au dessus, ce que j'ai écrit comme réponse au commentaire de Catherine et qui commence par : J'ai fait l'amour rue Véronèse ?
    A midi il y a une sorte de repas de famille : je dois m'y soumettre : c'est pas grave : je penserai à votre commentaire.

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  5. Alf , je me suis couchée tard : je me suis levée tard , pas de chat , pas de chien , pas de canari,n'y pensez pas trop , rien de grave en effet , un petit ricochet , un galet bien plat lancé sur l'eau , petits rebonds légers et tombé dans les hauts fonds muets.
    Les Arènes de Lutèce , j'y suis allée un ancien été , m'asseoir sur les pierres la tête à l'ombre et les pieds au soleil , et pour le reste je nsais pas , bien plate comme le galet .
    Marie

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[La grand’salle du château.]

Entrent Hamlet et plusieurs Comédiens.

HAMLET
Dites, je vous prie, cette tirade comme je l’ai prononcée devant vous, couramment ; mais si vous la braillez, comme font beaucoup de nos acteurs, j’aimerais autant faire dire mes vers par le crieur de la ville. Ne sciez pas trop l’air ainsi, avec votre bras ; mais usez de tout sobrement ; car, au milieu même du torrent, de la tempête, et, je pourrais dire, du tourbillon de la passion, vous devez avoir et conserver une modération qui lui donne de l’harmonie.