mardi 12 juillet 2016


C'est déjà pas mal. C'est déjà pas mal de retenir une phrase d'un texte : moi par exemple j'ai retenu celle-là : "Ton absence t'a remplacé ". Enfin bon, après pour moi, dans mon histoire à moi, c'est : " Ton absence t'a remplacée ". Vivre avec une absence est quelque chose dont on se passerait volontiers : il y a des hauts et des bas. Vivre avec une absence est aussi un élément de notre assez peu confortable condition.
Enfin bref, tout ça pour dire que : j'ai retenu cette phrase : je vous le dis. C'est déjà pas mal.

C'est l'été. Alison est arrivée l'autre jour en intérim là où je pratique les rapports de production : tout de suite je suis tombé amoureux. Alison a 23 ans. J'en ai 55. Ça doit être le syndrome Mort à Venise : en tout cas les rapports de production en ont pris un coup. Ce qui a fait déborder mon sentiment amoureux c'est qu'en dehors de son élégance, de sa façon d'être, de bouger, de lâcher deux ou trois petits rots sans s'excuser :   enfin vous savez toutes ces petites choses qui font qu'un sentiment amoureux déborde : je ne vais tout de même pas vous détailler ça. Non ! Ce qui a fait déborder mon sentiment amoureux en dehors de son élégance, de sa façon d'être, de bouger, de lâcher deux ou trois petits rots sans s'excuser :   c'est une phrase anodine : à un moment elle a dit quelque chose sur l'absence : sous le coup de l'émotion je n'ai pas retenu ses mots exacts : mais il était question de la certitude de vivre jusqu'à la fin avec un vide, un creux.

Moi, j'embrasse l'aube d'été. Elle, elle embrasse un mec blindé mais laid. " Il est blindé mais laid " elle m'a dit ça hier : au même moment s'affichaient sur l'écran deux paires d' Adidas assez roses : tu choisirais lesquelles ?

Ce soir à 22 heures je vais voir (d'un pas singulièrement assuré) : Les damnés : priez pour moi.


6 commentaires:

  1. Pour qui Alison le glas ? Allons au fond de l'appâté, 14 juillet oblige...

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  2. Il faudrait pouvoir mélanger les blogs (à la manière mathématique des couleurs) : La Plantación par exemple mélangée à Soluto blog.
    Le gif attire l’œil : il faut le placer dans un coin, tout en bas à gauche ou bien tout en bas à droite (en tout cas jamais définitivement au milieu de la page principale) : c'est pour ça que Soluto boxe tout en bas à droite.

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  3. "L'absence où chaque nuit désapprend ton visage m'est un profond enfer
    J'y sombre en t'inventant dans une morne nage
    et me retrouve aux fers
    Allume mon jardin tes pommiers et tes lampes pendant qu'il en est temps
    Déjà la saison cogne et martèle à mes tempes
    son bruit assourdissant
    Tu es dans ma lumière une crête d'eau vive
    je ne suis que le pas
    Du passant disparu, ta dune sera vide
    quand tu m'effaceras
    Tous les cris ont franchi le gué près de ma langue
    je me rends sans combat
    Au cheval de la mer si j'inventais des sangles il me jetterait bas
    Ainsi le noir taureau de l'amour et des astres,
    me foule et me construit
    Je chevauche sur toi la guerre et les cadastres
    le feu roulant des fruits
    Je ne veux plus savoir quels ennemis m'étranglent
    si je suis sage ou fou
    Quels incendies quels jeux quels goufres me haranguent
    au creux de tes genoux
    Intolérable amour ma troublante morsure
    ta victoire est ici
    Un homme qui se plaît sous le fer des tortures et qui se plaint ainsi
    L'absence où chaque nuit désapprend ton visage m'est un profond enfer
    J'y sombre en t'inventant dans une morne nage
    et me retrouve aux fers"

    Cher Alfonso j'espère que vous aimerez ce poème de Luc Bérimont (Stances) et la belle version chantée qui suit :

    https://youtu.be/nzvPYt1cnpI

    Bien à vous
    Catherine

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  4. Pour Blaise de l'Orée (l'impensable marquis) vous êtes sainte Catherine.
    Pour Blaise de l'Orée (l'impensable marquis) je suis l'étreignant et accessoirement un suzerain.
    Je vais faire une vidéo (une bien trop longue vidéo) de trente secondes et des poussières : sur vous Catherine (une vidéo à la manière du marquis : bien balancée, toujours).
    Car vous êtes sainte et moi étreignant.
    Et je ne sais faire que ça : étreindre.

    Les apophtegmes de qui vous savez et vos commentaires sont parfaitement balancés (vous vous ressemblez).

    Décevoir tout de suite pour être tranquille mais un peu déprimé après : j'étreins ça, par exemple.

    Ce commentaire est évolutif

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  5. Alfonso, vous êtes bien trop bon avec moi, et bellement inspiré. Cela vous perdra. Mais que faisons-nous, si ce n'est aller gaiement à notre perte, cueillant quelques élégances par-ci par-là ?

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[La grand’salle du château.]

Entrent Hamlet et plusieurs Comédiens.

HAMLET
Dites, je vous prie, cette tirade comme je l’ai prononcée devant vous, couramment ; mais si vous la braillez, comme font beaucoup de nos acteurs, j’aimerais autant faire dire mes vers par le crieur de la ville. Ne sciez pas trop l’air ainsi, avec votre bras ; mais usez de tout sobrement ; car, au milieu même du torrent, de la tempête, et, je pourrais dire, du tourbillon de la passion, vous devez avoir et conserver une modération qui lui donne de l’harmonie.