jeudi 28 juillet 2016


Il faut bien parler de l'actualité de temps en temps. Et qui mieux que l'apprenant Arthur Rimbaud... (au fait, ça va mieux ? Vous étiez rouge de colère l'autre jour), qui mieux que l'apprenant Arthur Rimbaud (vous voyez on s'y fait) pour évoquer, ô romanesques amis : la Garde nationale.
Je demande un fusil au-dessus du foyer.

lundi 25 juillet 2016


Augustine Porte et Pietro Felter retrouvèrent Franz Kafka et donc Max et Otto Brod sur le quai principal de la gare de Brescia :  tous se rendaient au grand meeting aérien : au grand meeting aérien ! 
— Cela fait dix-neuf ans que mon Rimbaud est mort. Aujourd'hui c'est sans lui que nous nous rendons au grand meeting aérien. Au grand meeting aérien ! couina Augustine Porte.  

J'écris ‘couina’ car il s'agit bien de cette haleine plaintive si caractéristique des vivants et même des non-vivants et qui traduit parfaitement notre assez peu confortable condition. Augustine couine parce que son Rimbaud vivant aurait levé la tête sur toutes ces machines volantes : une bonne humeur folle, un rire général emportés. Son Rimbaud savait faire rire, mais rire ! C'est pour ça qu' Augustine Porte couine. Franz Kafka lui aussi va faire le rapport et couiner. Franz Kafka va couiner un rapport en forme de plat colorié et nous faire rire.


jeudi 21 juillet 2016


Le lecteur à l'oreille exercée (moi par exemple) perçoit que le couinement du dernier rapport du BRAM est exactement identique au couinement de la nouvelle de Franz Kafka : Un vieux parchemin.
Le grand couinement est général : moi-même je couine abondamment et dans tous les sens.
Je participe au grand couinement général.

Ça couine dans les journaux, ça couine à la télé, ça couine à la maison aussi. Ça couine dans les discours, sur les terrasses ça couine. Ça couine dans les voitures, dans les transports en commun. Ça couine sur les réseaux plus ou moins sociaux. En littérature ça couine. Au cinéma ça couine.

mardi 12 juillet 2016


C'est déjà pas mal. C'est déjà pas mal de retenir une phrase d'un texte : moi par exemple j'ai retenu celle-là : "Ton absence t'a remplacé ". Enfin bon, après pour moi, dans mon histoire à moi, c'est : " Ton absence t'a remplacée ". Vivre avec une absence est quelque chose dont on se passerait volontiers : il y a des hauts et des bas. Vivre avec une absence est aussi un élément de notre assez peu confortable condition.
Enfin bref, tout ça pour dire que : j'ai retenu cette phrase : je vous le dis. C'est déjà pas mal.

C'est l'été. Alison est arrivée l'autre jour en intérim là où je pratique les rapports de production : tout de suite je suis tombé amoureux. Alison a 23 ans. J'en ai 55. Ça doit être le syndrome Mort à Venise : en tout cas les rapports de production en ont pris un coup. Ce qui a fait déborder mon sentiment amoureux c'est qu'en dehors de son élégance, de sa façon d'être, de bouger, de lâcher deux ou trois petits rots sans s'excuser :   enfin vous savez toutes ces petites choses qui font qu'un sentiment amoureux déborde : je ne vais tout de même pas vous détailler ça. Non ! Ce qui a fait déborder mon sentiment amoureux en dehors de son élégance, de sa façon d'être, de bouger, de lâcher deux ou trois petits rots sans s'excuser :   c'est une phrase anodine : à un moment elle a dit quelque chose sur l'absence : sous le coup de l'émotion je n'ai pas retenu ses mots exacts : mais il était question de la certitude de vivre jusqu'à la fin avec un vide, un creux.

Moi, j'embrasse l'aube d'été. Elle, elle embrasse un mec blindé mais laid. " Il est blindé mais laid " elle m'a dit ça hier : au même moment s'affichaient sur l'écran deux paires d' Adidas assez roses : tu choisirais lesquelles ?

Ce soir à 22 heures je vais voir (d'un pas singulièrement assuré) : Les damnés : priez pour moi.